VIE DE SAINT AUGUSTIN

Saint Augustin naquit à Tagaste (Souk-Ahras) le 13 novembre 354. Ce fils de Numidie eut pour père Patrius, païen très tolérant de vie facile quoique membre du Sénat municipal, et pour mère Monique, également Berbère autant romanisée que chrétienne. Il fit ses premières études dans sa ville natale, et à l'âge de 13 ans entra à l'Université de Madaure (près de M'daourouch fondée par le fameux philosophe d'origine berbère, Apulée). Il n'y resta pas longtemps, car san esprit ouvert et sa grande passion pour les lettres, les arts et les sciences avaient déterminé ses parents à lui faire suivre les leçons des grands maitres, et trois ans après nous le trouvons à Carthage où il fait sa rhétorique.

Il y conquit rapidement ses grades, et, comme la connaissance quasi-illimitée qu'il possédait de tous les problèmes sociaux le révélait au public, prit rang parmi l'élite de la ville et c'est là, échouant dans des écarts, qu'il fut assailli par l'obsession des boîtes de nuit, par des débordements sexuels au cours desquels il eut plus d'une maîtresse, et de l'une d'elles, une Carthaginoise, un fils nommé Adéodatus. Ce fils, saint Augustin eut grand-peine à le faire reconnaître par Monique dont le caractère intransigeant se heurta longtemps à l'illégitimité de cet enfant.

Il mourut presque abandonné à l'âge de 16 ans. Une défaillance coupable encore discutée de nos jours. Si, en l'an 380, toujours à Carthage, ses cours d'éloquence, son érudition phénoménale attirent un très large public, ses confusions, sa vie privée ont tout pour stupéfier étudiants et auditeurs aux yeux de qui ses aventures nocturnes ne sont qu'une négation intellectuelle. Convaincu de leurs ironies, il s'expatrie en Italie s'arrachant ainsi à leurs reproches et à une mère trop accablée par la conduite insatiable d'un fils exagérément fougueux que ne retiènt l'ombre d'un scrupule. A Rome, où rien ne le guérit de lui-meme que le retour à la débauche, il reste cependant quelques mois puis sera muté à Milan en tant que professeur de rhétorique.

Là encore les débordements achèvent de l'ébranler au point que, harcelé par l'action convergeante des influences amies, non seulement il tente de rompre avec sa vie charnelle, mais aussi consacre san adhésion au christianisme. Or, comme il ne veut à aucun prix d'un catholicisme déjà vieillissant débordé de toutes parts par la montée d'une multitude de schismes, cette adhésion, il la consacre au manichéisme, un culte particulièrement florissant à Carthage, une doctrine complète avec sa métaphysique, ses livres sacrés, ses rites, mais qui ne veut connaître que les réalités concrètes, c'est-à-dire les notions de liberté et de responsabilité dues au comportement de l'homme, point du tout attribuées à un «Kada ou El-Kaddr». Une hérésie basée aussi sur la cosmologie et qui rappelle celle préconisée par les « moûtazziline » musulmans du II siècle de l'hégire. Avec ferveur il opte pour ce culte, s'en fera le défenseur au point d'écrire son premier livre, un traité d'esthétique à la gIoire du manichéisme ayant pour titre De Pulchro Et Apta (Du Beau et du Mal).

En 386, une année grandiose pour le catholicisme, saint Augustin, au cours d'une retraite à Cassiciacum (Cassago Brianza en Italie), toujours en butte aux difficultés charnelles et afin de s'en soustraire entreprend l'analyse des textes évangéliques, rassemble les définitions qui fixent le catholicisme dans son objectivité, dans ses formules beaucoup plus extensives vers la connaissance de Dieu. C'est aussi l'année au cours de laquelle il juge avec sévérité sa vie, renie le manichéisme, une religion proscrite pàr les édits impériaux, incapable de répondre à sa grande foi et de le purifier de l'attachement aux sens. S'il a étudié un assez grand nombre d'auteurs, tous ceux qui ont été les interprètes de la pensée divine, s'il puise à des sources parfois choquantes, le fils de Tagaste est à peu près certain que le catholicisme a besoin d'être clarifié, rajeuni.

C'est pourquoi désormais il opte pour ce culte, et avec ses propres moyens entreprend d'en définir la grandeur. 386, c'est encore l'année au cours de laquelle il reprend le chemin du pays natal, s'installe à Tagaste auprès de ses familiers : sa mère Monique, son frère Navigius, ses amis Evodius, Alypius, l'historien Possidius à qui nous devons un ouvrage sur les Vandales, Nebridius le Carthaginois et tant d'autres, pour la plupart Berbères romanisés, prodigieusement versés dans diverses sciences de la théologie, philosophie, juridiction jusqu'à l'astronomie.

Il les groupe autour de lui, viendra ensuite se fixer avec eux à Hippone sans pour autant abandonner complètement Tagaste, et ses élèves de prédilection Licentius, Eloge, Romanius qui le suivront. En 389, là, à meme les bords de la Seybouse, en l'ecclésia saint Etienne, non pas seulement il se trouve en présence d'un éveque autant âgé que médiocre en latin, un Grec nommé Valérius à qui il doit assujettir son intelligence et son haut savoir, mais encore devra-t-il tenir compte de l'état d'esprit d'une ville entièrement occupée par les donatistes. Ce qui, bien sûr, requéra de sa part une attention vigilante sur l'élimination d'un schisme beaucoup plus social que religieux, beaucoup plus régional qu'universel. Il prêchera individuellement, donc sans consécration religieuse officielle, fera oublier les maigres connaissances du titulaire. Cette supériorité, il est à peine besoin de le dire, le distinguera au point qu'il sera désigné comme auxiliaire de Valérius par les éléments romanisés: grands clercs, fonction naires, magistrats, officiers supérieurs, une communauté minoritaire assez réduite mais très puissante. En 391, cet évêque de pluSaint Augustin naquit à Tagaste (Souk-Ahras) le 13 novembre 354. Ce fils de Numidie eut pour père Patrius, païen très tolérant de vie facile quoique membre du Sénat municipal, et pour mère Monique, également Berbère autant romanisée que chrétienne. Il fit ses premières études dans sa ville natale, et à l'âge de 13 ans entra à l'Université de Madaure (près de M'daourouch fondée par le fameux philosophe d'origine berbère, Apulée).

Il n'y resta pas longtemps, car san esprit ouvert et sa grande passion pour les lettres, les arts et les sciences avaient déterminé ses parents à lui faire suivre les leçons des grands maitres, et trois ans après nous le trouvons à Carthage où il fait sa rhétorique. Il y conquit rapidement ses grades, et, comme la connaissance quasi-illimitée qu'il possédait de tous les problèmes sociaux le révélait au public, prit rang parmi l'élite de la ville et c'est là, échouant dans des écarts, qu'il fut assailli par l'obsession des boîtes de nuit, par des débordements sexuels au cours desquels il eut plus d'une maîtresse, et de l'une d'elles, une Carthaginoise, un fils nommé Adéodatus. Ce fils, saint Augustin eut grand-peine à le faire reconnaître par Monique dont le caractère intransigeant se heurta longtemps à l'illégitimité de cet enfant. Il mourut presque abandonné à l'âge de 16 ans. Une défaillance coupable encore discutée de nos jours. Si, en l'an 380, toujours à Carthage, ses cours d'éloquence, son érudition phénoménale attirent un très large public, ses confusions, sa vie privée ont tout pour stupéfier étudiants et auditeurs aux yeux de qui ses aventures nocturnes ne sont qu'une négation intellectuelle. Convaincu de leurs ironies, il s'expatrie en Italie s'arrachant ainsi à leurs reproches et à une mère trop accablée par la conduite insatiable d'un fils exagérément fougueux que ne retiènt l'ombre d'un scrupule.

A Rome, où rien ne le guérit de lui-meme que le retour à la débauche, il reste cependant quelques mois puis sera muté à Milan en tant que professeur de rhétorique. Là encore les débordements achèvent de l'ébranler au point que, harcelé par l'action convergeante des influences amies, non seulement il tente de rompre avec sa vie charnelle, mais aussi consacre san adhésion au christianisme. Or, comme il ne veut à aucun prix d'un catholicisme déjà vieillissant débordé de toutes parts par la montée d'une multitude de schismes, cette adhésion, il la consacre au manichéisme, un culte particulièrement florissant à Carthage, une doctrine complète avec sa métaphysique, ses livres sacrés, ses rites, mais qui ne veut connaître que les réalités concrètes, c'est-à-dire les notions de liberté et de responsabilité dues au comportement de l'homme, point du tout attribuées à un «Kada ou El-Kaddr». Une hérésie basée aussi sur la cosmologie et qui rappelle celle préconisée par les « moûtazziline » musulmans du II siècle de l'hégire. Avec ferveur il opte pour ce culte, s'en fera le défenseur au point d'écrire son premier livre, un traité d'esthétique à la gIoire du manichéisme ayant pour titre De Pulchro Et Apta (Du Beau et du Mal). I En 386, une année grandiose pour le catholicisme, saint Augustin, au cours d'une retraite à Cassiciacum (Cassago Brianza en Italie), toujours en butte aux difficultés charnelles et afin de s'en soustraire entreprend l'analyse des textes évangéliques, rassemble les définitions qui fixent le catholicisme dans son objectivité, dans ses formules beaucoup plus extensives vers la connaissance de Dieu.

C'est aussi l'année au cours de laquelle il juge avec sévérité sa vie, renie le manichéisme, une religion proscrite pàr les édits impériaux, incapable de répondre à sa grande foi et de le purifier de l'attachement aux sens. S'il a étudié un assez grand nombre d'auteurs, tous ceux qui ont été les interprètes de la pensée divine, s'il puise à des sources parfois choquantes, le fils de Tagaste est à peu près certain que le catholicisme a besoin d'être clarifié, rajeuni. C'est pourquoi désormais il opte pour ce culte, et avec ses propres moyens entreprend d'en définir la grandeur. 386, c'est encore l'année au cours de laquelle il reprend le chemin du pays natal, s'installe à Tagaste auprès de ses familiers : sa mère Monique, son frère Navigius, ses amis Evodius, Alypius, l'historien Possidius à qui nous devons un ouvrage sur les Vandales, Nebridius le Carthaginois et tant d'autres, pour la plupart Berbères romanisés, prodigieusement versés dans diverses sciences de la théologie, philosophie, juridiction jusqu'à l'astronomie. Il les groupe autour de lui, viendra ensuite se fixer avec eux à Hippone sans pour autant abandonner complètement Tagaste, et ses élèves de prédilection Licentius, Eloge, Romanius qui le suivront. En 389, là, à meme les bords de la Seybouse, en l'ecclésia saint Etienne, non pas seulement il se trouve en présence d'un éveque autant âgé que médiocre en latin, un Grec nommé Valérius à qui il doit assujettir son intelligence et son haut savoir, mais encore devra-t-il tenir compte de l'état d'esprit d'une ville entièrement occupée par les donatistes. Ce qui, bien sûr, requéra de sa part une attention vigilante sur l'élimination d'un schisme beaucoup plus social que religieux, beaucoup plus régional qu'universel. Il prêchera individuellement, donc sans consécration religieuse officielle, fera oublier les maigres connaissances du titulaire. Cette supériorité, il est à peine besoin de le dire, le distinguera au point qu'il sera désigné comme auxiliaire de Valérius par les éléments romanisés: grands clercs, fonction naires, magistrats, officiers supérieurs, une communauté minoritaire assez réduite mais très puissante. En 391, cet évêque de plus en plus étonné de l'extraordinaire savoir de san subalterne, l'ordonne prêtre et sous la pression de l'ensemble du corps catholique se hâte de le nommer co-adjuteur; deux années plus tard le fera sacrer par Mégalius évêque à Calama.

Dès ses premières activités, Augustin organise deux conciles. Le premier présidé par Aurélius, évêque de Carthage, se tiendra à Hippone le 8 octobre 393 à même la « Basilica Major » où assisteront pas moins d'une centaine d'évêques et aussi des moines et des ermites. Ils y entendront pour la première fois la grande parole de ce nouveau penseur à peine âgé de 38 ans. Cependant ce concile s'achèvera dans la confusion, les donatistes étant les plus acharnés à réfuter ses convictions. En 395, au cours du second, toujours à Hippone en présence d'un plus grand nombre d'évêques, il achève de confondre ses adversaires à leur nombre deux Hipponiens, Fortinatius, un manichéen qui n'a cessé de lui reprocher en plus du passé tumultueux, le reniement de sa première conversion, l'autre Primatius, un donatiste rapidement débordé. Là, le jeune tribun prononce san discours sur « La Foi et le Serment ». En 396, le décès de Valérius lui laisse le gouvernement de l'Eglise. Dès lors, quoique menacé de mort par les donatistes, il se fait inlassable, grâce à san don d'orateur prestigieux, à la sincérité de ses convictions et à la profondeur de ses écrits pour donner au catholicisme un langage théologique et à ses méditations des ouvrages d'une tenue littéraire jamais atteinte, à leur nombre «Les Confessions », une fresque monumentale en treize volumes où non seulement il révèle à grands traits l 'histoire de sa vie, ses péchés, sa confusion et ses remords, mais aussi implore le secours de Dieu. «... Purifiez-moi, Seigneur, de mes souillures cachées et préservez votre serviteur de celles qui lui viendraient d'autrui ...»

C'est aussi dans ce livre qu'il confirme la volonté divine sur le destin de chaque individu. Une orthodoxie ordonnée, selon les desseins du Très-Haut et non pas le libre choix préconisé par les athées. Cependant il y discerne les actes soumis aux volontés individuelles. En moins de deux ans, il publie plusieurs traités de morale et de discipline. Ils ont pour titre Du Libre Arbitre, Des Deux Ames, Du Maître, La Vraie Religion et aussi un grand nombre d'ouvrages par lesquels il évoque les erreurs de ses adversaires, leur incompréhension, combat leurs passions plus particulièrement dans Contre la lettre de Parménien, De la Génèse contre les manichéens, Contre la lettre de Pétilion, le donatiste. C'est aussi un ensemble d'écrits d'où jaillit, comme un acte de foi, l'affirmation de la toute-puissance de Dieu. En l'an 400 il compose un grand ouvrage L'Epître du fondement et les trente-trois tomes du Contra Faustum. Ils sont un texte de portée universelle par lequel saint Augustin toujours en butte aux ravages d'une multitude de schismes s'abandonne aux ressources inépuisables de son intelligence afin de dégager le vrai sens du christianisme, de dissiper les confusions, les déviations et les insuffisances à une époque où l'Eglise était divisée en plusieurs pouvoirs religieux, philosophiques et même politiques selon les conceptions d'un tel ou tel évêque souvent opposés, parfois farouchement antagonistes. En 410, la défaite des Romains face aux Goths, la prise de Rome par Alaric, leur roi, le pillage et la dévastation de cette ville provoquent à travers un empire mourant une démoralisation plus aggravée à Carthage et à Hippone par l'arrivée des réfugiés en masse fuyant l'Italie, semant autour d'eux le désespoir. Rome ne sera plus la ville éternelle. Pour les donatistes elle a déjà subì le châtiment de san racisme criminel, pour les catholiques, il y a là un grave avertissement de l'instabilité des grandeurs humaines.

C'est pourquoi de la nécessité de dégager la leçon de ses livres doctrinaux La Cité de Dieu où, comme dans un dyptique religieux, il oppose aux grandeurs temporaires de la vie terrestre, les grandeurs spirituelles de la Cité Céleste. Dans ce livre, chef-d'oeuvre unique en son genre, dont le texte est toujours lu et relu avec ferveur, par tous les chrétiens, saint Augustin démontre que l'Eglise ne doit pas s'identifier avec un régime, mais s'adapter au contraire à toutes les formes de civilisation en résistant contre les empiétements du pouvoir. Elle doit demeurer libre pour défendre l'individu contre les erreurs du plus fort. La composition de cet ouvrage, de cette grande fresque au sommet du savoir, restera au fil des siècles le couronnement d'une oeuvre grandiose. 411, c'est non seulement l'année à partir de laquelle l'évolution intérieure de la ville commence à être favorable aux catholiques grâce au déploiement des forces réfugiées en armes, mais encore celle d'un concile organisé à Carthage où la condamnation du «donatisme» a été prononcée. Au cours de ce colloque opposant les évêques de toute tendance et de tout pays la cause de saint Augustin semble avoir triomphé et si des débats il en sort rehaussé d'un grand prestige, c'est parte que ses monumentales interventions contre « le pélagianisme », « le manichéisme », « le platonisme » et autres schismes ont été celles d'un prodigieux tribun subjuguant par sa rectitude et sa logique l'ensemble des auditeurs au nombre desquels Marcellinus qui arbitrait les débats au nom de l'empereur. A partir de la date de ce concile, c'est l'époque augustienne qui s'ouvre, neutralise les crises métaphysiques profanes, abolit bon nombre d'hérésies. Partout à travers le monde les initiés de la chrétienté seront à l'écoute de ce fils de Tagaste, de ce Berbère qui a su démontrer la continence et l'humanité de l'Evangile. Désormais chaque phrase, chaque locution prononcée à Hippone auront leur écho dans les Basilica de Rome et de Byzance (Istamboul). S'il a déjà éclipsé jusqu'à la Sainteté papale désormais attentive à sa grande parole, s'il est le souverain spirituel à qui les empereurs jugent indispensable de lui adresser un double des lettres officielles, les fanatiques et les illuminés iront jusqu'à dire qu'il a reçu de Dieu des Intuitions informulées, les a moulées ensuite dans ses écrits.

On lui attribuera aussi des miracles, tel celui si célèbre et si populaire connu sous le nom de « Vision d'Ostie ». Une histoire invraisemblable pourtant immortalisée dans de nombreux textes; l'un d'eux précise notamment: «... Un soir, après une journée de prières et de scansion, tandis que la lune éclairait la terre et que les étoiles scintillaient, saint Augustin et Monique assis sur le bord d'une fenêtre se demandaient de quoi serait faite « La vie Eternelle », quand tout à coup ils virent dans le ciel des ombres ailées se rapprocher d'eux. lnvités à les chevaucher les deux saints franchirent d'un bond les astres, et les espaces qu'habitent les anges. lls se sentirent transportés jusqu'au trône de la Sagesse Eternelle et, là, eurent la merveilleuse vision de ce que leurs yeux n'avaient jamais vu. Ni le bleu de la mer, ni les azurs argentés des îlots n'étaient aussi beaux que celui de ces créatures autant spirituelles que réelles vivant la félicité sans aucune différence du temps. Combien d'heures dura celle extase ? Elle leur sembla fugitive comme un éclair et il se sentirent hors d'état d'en évaluer la durée...». Peu importe cette légende, ce qui compte c'est cette sainteté désormais reconnue à lui-même. C'est pourquoi dès 412 la ville réduite à la seule présence catholique, dépourvue de son contenu donatiste lui voue une soumission totale tandis que des méditations prolongées lui permettent de se consacrer à l'ouvrage le plus étendu qu'il ait jamais dicté De Trinitate, un chef-d'oeuvre en quinze livres, une récapitulation lumineuse, l'oeuvre maîtresse de sa vie à en croire les traducteurs. Jusqu'à san décès survenu le 28 août 430, il ne cesse d'apaiser san monde menacé par le débarquement des Vandales en Afrique du Nord et d'écrire des psaumes, un millier de poèmes chantés encore de nos jours partout dans les églises. Ils ont un rythme particulier, une scansion intime qui devra définir plus tard la future forme de la poésie romane. 418, c'est encore l'année d'un grand concile tenu à Carthage au cours duquel il désigne son futur successeur. Là, en présence du haut clergé occidental on reconnaît en lui, outre l'autorité théologique, la plus haute expression du génie chrétien dans la littérature latine.

Déjà il incarnait un esprit nouveau qui a réussi à réaliser la synthèse entre la culture gréco-latine de Ciceron et de Virgile et la tradition religieuse et morale judéo-chrétienne. Saint Augustin est aussi un savant musicologue. Dans san ouvrage en six tomes De Musica il développe l'énorme influence de la musique sur l'être humain, la classe au rang des arts, en fait une étude rationnelle et pratique, un langage susceptible de conformer l'âme aux exigences des choses divines. S'il la divise en deux courants, l'un une appropriation des modes aux circonstances et aux résultats à obtenir, l'autre une expression vulgaire aux joies et aux lamentations de ce bas monde, il opte pour le premier courant dont la théorie musicale et l'esthétique se rattachent le mieux au système mélodique. A travers cet ouvrage, il est l'un des premiers à différencier les sons d'une même octave et à déterminer les lois de l'harmonie qui les gèrent. A cette synthèse d'idéogrammes musicaux qui forment tout le système mélodique, il donne une échelle chromatique et s'en tient en san cadre dans l'exercice de la voix. Notons que saint Augustin dont la vaste culture latine se double d'une profonde connaissance de la culture berbère a mis au point la création à Hippone de la première scola-ecclésia musicale et des programmes comportant aussi l'utilisation du chant berbère.

Cet institut donnera plus tard naissance aux écoles-cathédrales, celles qui de nos jours à l'aide d'orgue et de harpes prêtent leur concours à toute solennité religieuse. En 419, sans se soustraire aux courtes pauses que lui procure cet apport choral et musical, il fait promulguer les « canons » qui sont les bases du dogme catholique, s'active sur la composition de deux ouvrages: le premier De Doctrina Cristiana traité sur l'Ecriture sainte de l'Eloquence sacrée, le deuxième L'Echiridion par lequel il répond aux consultations dogmatiques qu'on lui demande de toutes parts. Il compose aussi d'autres ouvrages qu'on lui dérobe avant meme leur achèvement. A son insu ils seront commentés par ses admirateurs, approuvés par le Pape, discutés avec passion par ses anciens adversaires tous unanimes à proclamer que le christianisme depuis sa création n'a jamais disposé d'un tel champion. Ils pourront même ajouter que c'est à Hippone que l'Eglise moderne a trouvé ses assises définitives. Et pourtant dans cette ville où il rend la justice, convoque les conciles, préside les colloques, il s'en prend souvent à la mentalité peu édifiante de son propre clergé. L'ambition, l'intrigue lors des élections épiscopales, les rivalités personnelles, la conduite scandaleuse de certains prêtres l'amèneront à poursuivre ces derniers devant son tribunal ecclésiastique. A leur nombre son jeune et protégé ami Antonius, éveque de Fousala (actuellement Kallaat Sidi Bou Marouane), accusé de graves attentats aux moeurs, et Abundantius, prélat de Mitissa (Oued El Aneb), pactisant avec le vice. L'un et l'autre seront condamnés et rejetés hors du diocèse d'Hippone.

Et pourtant encore dans celle ville réduite à la seule présence romaine et romanisée, toujours dépourvue de son contenu donatiste, cet Africain, l'arsenal de la Pensée catholique, ce monument prodigieux de rectitude et de logique a été amené p!us d'une fois à formuler contre ses coreligionnaires habitant désormais les faubourgs la nécessité d'une « utile répression » uniquement dans le but de vouloir les ramener à l'orthodoxie. Si cette défaillance historiquement impardonnable a assombri sa prodigieuse carrière, si la réaction des donatistes a été plus rude grâce à leur alliance avec les Vandales dont les forces en Afrique du Nord n'étaient pas loin d'atteindre Hippone, il n'en demeure pas moins que les derniers mais de sa vie ont été ceux d'un épuisement beaucoup plus moral que physique dû à la douleur de voir sa ville assiégée par des ennemis implacables au nombre desquels les siens. Il mourut à l'age de 75 ans à peine entouré de quelques disciples, non sans avoir appréhendé durant son agonie, l'éminence du désastre: la détresse des Romains, l'effondrement tout proche du catholicisme auquel il avait tant donné. Le triomphe de « l'arianisme », religion des vainqueurs, la plus antichrétienne des hérésies, achèverait sous les coups des Vandales la dévastation des édifices religieux.

Soixante-dix ans plus tard son corps sera emporté en Sardaigne et, avec lui pour les soustraire à un dànger de destruction, ses incomparables ouvrages déjà célèbres partout dans le monde. C'était donc une bibliothèque considérable renfermant tout ce que les activités d'un demi-siècle de labeur représentent de théodicée augustinienne. On y comptait aussi les oeuvres de Possidius autre érudit qui évoque le déroulement chronologique de l'invasion vandale, le siège d'Hippone. prédit la fin du catholicisme en Afrique du Nord. Son ouvrage Vita Sancti Augustini est à la fois un acte d'accusation contre les donatistes en même temps l'étalement et la vie pleinement épanouie du grand évêque toujours au service de l'unité catholique. La bibliothèque comprenait, en plus, une série d'ouvrages philosophiques dont les auteurs, une élite de disciples, anciens élèves de saint Augustin y avaient déployé un extraordinaire appareil théologique. Au nombre de ces hommes de grande valeur on peut citer Alypius, Aurélius, Optat de Milev (Mila), Evodius et Quotvuldeus, tous promus évêques. Trois siècles plus tard, exactement en 718, son corps sera transféré de Sardaigne (Cagliari) en Lombardie (Italie) où il restera définitivement déposé dans la cathédrale de Pavie, un édifice désormais attirant une follie innombrable d'évêques, prêtres et de fidèles autant pour participer à un pieux pèlerinage annuel que pour commémorer par des cérémonies imposantes et grandioses le souvenir de ce grand tribun de la chrétienté. Telle a été la vie de saint Augustin, de ce Berbère fils de la tribu Papiria une peuplade extrêmement éveillée composée de Causses et de Syliactae (Chaouia ) et qui plus tard, revigorée par l'apport d'une immigration libyenne, formera les Hanencha.

Cette vie montre avec évidence combien la cité d'Hippone devenue la première des métropoles spirituelles, à l'échelle mondiale, quoique meurtrie dans sa chair, a joué un rôle capital dans la consolidation du christianisme et sa diffusion. Douze siècles durant, jusqu'au XVII, l'école berbérienne restera le rayonnement de l'Eglise occidentale. Aujourd'hui, bien que l'emprise augustinienne ait disparu d'Europe, elle ne cesse de constituer l'ambiance et l'épanouissement de l'Eglise américo-latine. C'est pourquoi jusqu'à novembre 1954 au nombre des pèlerins venus de l'étranger, les riches adeptes d'Amérique du Sud n'ont cessé d'affluer vers Annaba le mois d'août de chaque année. L'imposante basilique où la relique de saint Augustin avec le cubitus de son bras droit est déposée, a été édifiée dans ce but en 1881. De nos jours respectée dans ses droits par la Révolution algérienne, elle évoque le souvenir de l'un des plus célèbres fils d'Algérie. Quant à la translation du cubitus de Pavie à Annaba, elle eut lieu le 30 octobre 1842. Il est visible pour ceux qui voudraient le voir, comme l'est également l'imposante statue où les traits de saint Augustin rappellent l'une des plus grandes périodes de l'Histoire de la chrétienté. De nos jours, le plus vaste des établissements scolaires d'Annaba porte son nom. en plus étonné de l'extraordinaire savoir de san subalterne, l'ordonne prêtre et sous la pression de l'ensemble du corps catholique se hâte de le nommer co-adjuteur; deux années plus tard le fera sacrer par Mégalius évêque à Calama. Dès ses premières activités, Augustin organise deux conciles. Le premier présidé par Aurélius, évêque de Carthage, se tiendra à Hippone le 8 octobre 393 à même la « Basilica Major » où assisteront pas moins d'une centaine d'évêques et aussi des moines et des ermites. Ils y entendront pour la première fois la grande parole de ce nouveau penseur à peine âgé de 38 ans.

Cependant ce concile s'achèvera dans la confusion, les donatistes étant les plus acharnés à réfuter ses convictions. En 395, au cours du second, toujours à Hippone en présence d'un plus grand nombre d'évêques, il achève de confondre ses adversaires à leur nombre deux Hipponiens, Fortinatius, un manichéen qui n'a cessé de lui reprocher en plus du passé tumultueux, le reniement de sa première conversion, l'autre Primatius, un donatiste rapidement débordé. Là, le jeune tribun prononce san discours sur « La Foi et le Serment ». En 396, le décès de Valérius lui laisse le gouvernement de l'Eglise. Dès lors, quoique menacé de mort par les donatistes, il se fait inlassable, grâce à san don d'orateur prestigieux, à la sincérité de ses convictions et à la profondeur de ses écrits pour donner au catholicisme un langage théologique et à ses méditations des ouvrages d'une tenue littéraire jamais atteinte, à leur nombre «Les Confessions », une fresque monumentale en treize volumes où non seulement il révèle à grands traits l 'histoire de sa vie, ses péchés, sa confusion et ses remords, mais aussi implore le secours de Dieu. «... Purifiez-moi, Seigneur, de mes souillures cachées et préservez votre serviteur de celles qui lui viendraient d'autrui...» C'est aussi dans ce livre qu'il confirme la volonté divine sur le destin de chaque individu.

Une orthodoxie ordonnée, selon les desseins du Très-Haut et non pas le libre choix préconisé par les athées. Cependant il y discerne les actes soumis aux volontés individuelles. En moins de deux ans, il publie plusieurs traités de morale et de discipline. Ils ont pour titre Du Libre Arbitre, Des Deux Ames, Du Maître, La Vraie Religion et aussi un grand nombre d'ouvrages par lesquels il évoque les erreurs de ses adversaires, leur incompréhension, combat leurs passions plus particulièrement dans Contre la lettre de Parménien, De la Génèse contre les manichéens, Contre la lettre de Pétilion, le donatiste. C'est aussi un ensemble d'écrits d'où jaillit, comme un acte de foi, l'affirmation de la toute-puissance de Dieu. En l'an 400 il compose un grand ouvrage L'Epître du fondement et les trente-trois tomes du Contra Faustum. Ils sont un texte de portée universelle par lequel saint Augustin toujours en butte aux ravages d'une multitude de schismes s'abandonne aux ressources inépuisables de son intelligence afin de dégager le vrai sens du christianisme, de dissiper les confusions, les déviations et les insuffisances à une époque où l'Eglise était divisée en plusieurs pouvoirs religieux, philosophiques et même politiques selon les conceptions d'un tel ou tel évêque souvent opposés, parfois farouchement antagonistes. En 410, la défaite des Romains face aux Goths, la prise de Rome par Alaric, leur roi, le pillage et la dévastation de cette ville provoquent à travers un empire mourant une démoralisation plus aggravée à Carthage et à Hippone par l'arrivée des réfugiés en masse fuyant l'Italie, semant autour d'eux le désespoir. Rome ne sera plus la ville éternelle. Pour les donatistes elle a déjà subì le châtiment de san racisme criminel, pour les catholiques, il y a là un grave avertissement de l'instabilité des grandeurs humaines. C'est pourquoi de la nécessité de dégager la leçon de ses livres doctrinaux La Cité de Dieu où, comme dans un dyptique religieux, il oppose aux grandeurs temporaires de la vie terrestre, les grandeurs spirituelles de la Cité Céleste.

Dans ce livre, chef-d'oeuvre unique en son genre, dont le texte est toujours lu et relu avec ferveur, par tous les chrétiens, saint Augustin démontre que l'Eglise ne doit pas s'identifier avec un régime, mais s'adapter au contraire à toutes les formes de civilisation en résistant contre les empiétements du pouvoir. Elle doit demeurer libre pour défendre l'individu contre les erreurs du plus fort. La composition de cet ouvrage, de cette grande fresque au sommet du savoir, restera au fil des siècles le couronnement d'une oeuvre grandiose. 411, c'est non seulement l'année à partir de laquelle l'évolution intérieure de la ville commence à être favorable aux catholiques grâce au déploiement des forces réfugiées en armes, mais encore celle d'un concile organisé à Carthage où la condamnation du «donatisme» a été prononcée. Au cours de ce colloque opposant les évêques de toute tendance et de tout pays la cause de saint Augustin semble avoir triomphé et si des débats il en sort rehaussé d'un grand prestige, c'est parte que ses monumentales interventions contre « le pélagianisme », « le manichéisme », « le platonisme » et autres schismes ont été celles d'un prodigieux tribun subjuguant par sa rectitude et sa logique l'ensemble des auditeurs au nombre desquels Marcellinus qui arbitrait les débats au nom de l'empereur. A partir de la date de ce concile, c'est l'époque augustienne qui s'ouvre, neutralise les crises métaphysiques profanes, abolit bon nombre d'hérésies. Partout à travers le monde les initiés de la chrétienté seront à l'écoute de ce fils de Tagaste, de ce Berbère qui a su démontrer la continence et l'humanité de l'Evangile. Désormais chaque phrase, chaque locution prononcée à Hippone auront leur écho dans les Basilica de Rome et de Byzance (Istamboul).

S'il a déjà éclipsé jusqu'à la Sainteté papale désormais attentive à sa grande parole, s'il est le souverain spirituel à qui les empereurs jugent indispensable de lui adresser un double des lettres officielles, les fanatiques et les illuminés iront jusqu'à dire qu'il a reçu de Dieu des Intuitions informulées, les a moulées ensuite dans ses écrits. On lui attribuera aussi des miracles, tel celui si célèbre et si populaire connu sous le nom de « Vision d'Ostie ». Une histoire invraisemblable pourtant immortalisée dans de nombreux textes; l'un d'eux précise notamment: «... Un soir, après une journée de prières et de scansion, tandis que la lune éclairait la terre et que les étoiles scintillaient, saint Augustin et Monique assis sur le bord d'une fenêtre se demandaient de quoi serait faite « La vie Eternelle », quand tout à coup ils virent dans le ciel des ombres ailées se rapprocher d'eux. lnvités à les chevaucher les deux saints franchirent d'un bond les astres, et les espaces qu'habitent les anges. lls se sentirent transportés jusqu'au trône de la Sagesse Eternelle et, là, eurent la merveilleuse vision de ce que leurs yeux n'avaient jamais vu. Ni le bleu de la mer, ni les azurs argentés des îlots n'étaient aussi beaux que celui de ces créatures autant spirituelles que réelles vivant la félicité sans aucune différence du temps. Combien d'heures dura celle extase ? Elle leur sembla fugitive comme un éclair et il se sentirent hors d'état d'en évaluer la durée ...».

Peu importe cette légende, ce qui compte c'est cette sainteté désormais reconnue à lui-même. C'est pourquoi dès 412 la ville réduite à la seule présence catholique, dépourvue de son contenu donatiste lui voue une soumission totale tandis que des méditations prolongées lui permettent de se consacrer à l'ouvrage le plus étendu qu'il ait jamais dicté De Trinitate, un chef-d'oeuvre en quinze livres, une récapitulation lumineuse, l'oeuvre maîtresse de sa vie à en croire les traducteurs. Jusqu'à san décès survenu le 28 août 430, il ne cesse d'apaiser san monde menacé par le débarquement des Vandales en Afrique du Nord et d'écrire des psaumes, un millier de poèmes chantés encore de nos jours partout dans les églises. Ils ont un rythme particulier, une scansion intime qui devra définir plus tard la future forme de la poésie romane. 418, c'est encore l'année d'un grand concile tenu à Carthage au cours duquel il désigne son futur successeur. Là, en présence du haut clergé occidental on reconnaît en lui, outre l'autorité théologique, la plus haute expression du génie chrétien dans la littérature latine. Déjà il incarnait un esprit nouveau qui a réussi à réaliser la synthèse entre la culture gréco-latine de Ciceron et de Virgile et la tradition religieuse et morale judéo-chrétienne. Saint Augustin est aussi un savant musicologue. Dans san ouvrage en six tomes De Musica il développe l'énorme influence de la musique sur l'être humain, la classe au rang des arts, en fait une étude rationnelle et pratique, un langage susceptible de conformer l'âme aux exigences des choses divines. S'il la divise en deux courants, l'un une appropriation des modes aux circonstances et aux résultats à obtenir, l'autre une expression vulgaire aux joies et aux lamentations de ce bas monde, il opte pour le premier courant dont la théorie musicale et l'esthétique se rattachent le mieux au système mélodique. A travers cet ouvrage, il est l'un des premiers à différencier les sons d'une même octave et à déterminer les lois de l'harmonie qui les gèrent. A cette synthèse d'idéogrammes musicaux qui forment tout le système mélodique, il donne une échelle chromatique et s'en tient en san cadre dans l'exercice de la voix.

Notons que saint Augustin dont la vaste culture latine se double d'une profonde connaissance de la culture berbère a mis au point la création à Hippone de la première scola-ecclésia musicale et des programmes comportant aussi l'utilisation du chant berbère. Cet institut donnera plus tard naissance aux écoles-cathédrales, celles qui de nos jours à l'aide d'orgue et de harpes prêtent leur concours à toute solennité religieuse. En 419, sans se soustraire aux courtes pauses que lui procure cet apport choral et musical, il fait promulguer les « canons » qui sont les bases du dogme catholique, s'active sur la composition de deux ouvrages: le premier De Doctrina Cristiana traité sur l'Ecriture sainte de l'Eloquence sacrée, le deuxième L'Echiridion par lequel il répond aux consultations dogmatiques qu'on lui demande de toutes parts. Il compose aussi d'autres ouvrages qu'on lui dérobe avant meme leur achèvement. A son insu ils seront commentés par ses admirateurs, approuvés par le Pape, discutés avec passion par ses anciens adversaires tous unanimes à proclamer que le christianisme depuis sa création n'a jamais disposé d'un tel champion. Ils pourront même ajouter que c'est à Hippone que l'Eglise moderne a trouvé ses assises définitives. Et pourtant dans cette ville où il rend la justice, convoque les conciles, préside les colloques, il s'en prend souvent à la mentalité peu édifiante de son propre clergé. L'ambition, l'intrigue lors des élections épiscopales, les rivalités personnelles, la conduite scandaleuse de certains prêtres l'amèneront à poursuivre ces derniers devant son tribunal ecclésiastique.

A leur nombre son jeune et protégé ami Antonius, éveque de Fousala (actuellement Kallaat Sidi Bou Marouane), accusé de graves attentats aux moeurs, et Abundantius, prélat de Mitissa (Oued El Aneb), pactisant avec le vice. L'un et l'autre seront condamnés et rejetés hors du diocèse d'Hippone. Et pourtant encore dans celle ville réduite à la seule présence romaine et romanisée, toujours dépourvue de son contenu donatiste, cet Africain, l'arsenal de la Pensée catholique, ce monument prodigieux de rectitude et de logique a été amené p!us d'une fois à formuler contre ses coreligionnaires habitant désormais les faubourgs la nécessité d'une « utile répression » uniquement dans le but de vouloir les ramener à l'orthodoxie. Si cette défaillance historiquement impardonnable a assombri sa prodigieuse carrière, si la réaction des donatistes a été plus rude grâce à leur alliance avec les Vandales dont les forces en Afrique du Nord n'étaient pas loin d'atteindre Hippone, il n'en demeure pas moins que les derniers mais de sa vie ont été ceux d'un épuisement beaucoup plus moral que physique dû à la douleur de voir sa ville assiégée par des ennemis implacables au nombre desquels les siens. Il mourut à l'age de 75 ans à peine entouré de quelques disciples, non sans avoir appréhendé durant son agonie, l'éminence du désastre: la détresse des Romains, l'effondrement tout proche du catholicisme auquel il avait tant donné. Le triomphe de « l'arianisme », religion des vainqueurs, la plus antichrétienne des hérésies, achèverait sous les coups des Vandales la dévastation des édifices religieux. Soixante-dix ans plus tard son corps sera emporté en Sardaigne et, avec lui pour les soustraire à un dànger de destruction, ses incomparables ouvrages déjà célèbres partout dans le monde. C'était donc une bibliothèque considérable renfermant tout ce que les activités d'un demi-siècle de labeur représentent de théodicée augustinienne. On y comptait aussi les oeuvres de Possidius autre érudit qui évoque le déroulement chronologique de l'invasion vandale, le siège d'Hippone. prédit la fin du catholicisme en Afrique du Nord. Son ouvrage Vita Sancti Augustini est à la fois un acte d'accusation contre les donatistes en même temps l'étalement et la vie pleinement épanouie du grand évêque toujours au service de l'unité catholique.

La bibliothèque comprenait, en plus, une série d'ouvrages philosophiques dont les auteurs, une élite de disciples, anciens élèves de saint Augustin y avaient déployé un extraordinaire appareil théologique. Au nombre de ces hommes de grande valeur on peut citer Alypius, Aurélius, Optat de Milev (Mila), Evodius et Quotvuldeus, tous promus évêques. Trois siècles plus tard, exactement en 718, son corps sera transféré de Sardaigne (Cagliari) en Lombardie (Italie) où il restera définitivement déposé dans la cathédrale de Pavie, un édifice désormais attirant une follie innombrable d'évêques, prêtres et de fidèles autant pour participer à un pieux pèlerinage annuel que pour commémorer par des cérémonies imposantes et grandioses le souvenir de ce grand tribun de la chrétienté. Telle a été la vie de saint Augustin, de ce Berbère fils de la tribu Papiria une peuplade extrêmement éveillée composée de Causses et de Syliactae (Chaouia ) et qui plus tard, revigorée par l'apport d'une immigration libyenne, formera les Hanencha. Cette vie montre avec évidence combien la cité d'Hippone devenue la première des métropoles spirituelles, à l'échelle mondiale, quoique meurtrie dans sa chair, a joué un rôle capital dans la consolidation du christianisme et sa diffusion. Douze siècles durant, jusqu'au XVII, l'école berbérienne restera le rayonnement de l'Eglise occidentale. Aujourd'hui, bien que l'emprise augustinienne ait disparu d'Europe, elle ne cesse de constituer l'ambiance et l'épanouissement de l'Eglise américo-latine. C'est pourquoi jusqu'à novembre 1954 au nombre des pèlerins venus de l'étranger, les riches adeptes d'Amérique du Sud n'ont cessé d'affluer vers Annaba le mois d'août de chaque année.

L'imposante basilique où la relique de saint Augustin avec le cubitus de son bras droit est déposée, a été édifiée dans ce but en 1881. De nos jours respectée dans ses droits par la Révolution algérienne, elle évoque le souvenir de l'un des plus célèbres fils d'Algérie. Quant à la translation du cubitus de Pavie à Annaba, elle eut lieu le 30 octobre 1842. Il est visible pour ceux qui voudraient le voir, comme l'est également l'imposante statue où les traits de saint Augustin rappellent l'une des plus grandes périodes de l'Histoire de la chrétienté. De nos jours, le plus vaste des établissements scolaires d'Annaba porte son nom.

H'SEN DERDOUR

L'autore è nato ad Annaba il 21 gennaio 1911. Da giovane intraprese la carriera notarile in qualità di chierico, poi dopo studi specialistici in materia marittima, occupò per 30 anni una carica di responsabilità in seno a una delle più potenti società esportatrici d'inizio Novecento, che effettuava servizi d'imbarco anche nel porto di Ippona. Quando, diventato presidente di una società di musica e d'arte drammatica detta El Mizhar El Bouni, fu costretto a scrivere qualche cosa, scelse, malgrado la rigorosità della censura, di investigare la storia di Ippona, poichè meritava una conoscenza approfondita, anche se era pericoloso parlare del passato di questa città non tenendo conto della conquista francese. A partire dal 1947, ogni volta che gli era possibile, incominciò a descrivere dapprima l'aspetto delle rovine romane e poi, con prudenza, a citare aneddoti relativi alla storia della comunità araba nel periodo della dominazione turca. Nel 1965-66 la stampa algerina ha pubblicato importanti testi sulla storia di Annaba, dal titolo "Ippona la reale", "Bouna El Hafsia", Bouna El Athmania" e "Sites et Valeurs archéologiques des mosquées de Annaba." Derdour è stato anche autore e compositore di testi drammatici. Ha scritto numerose pièces teatrali fra cui "Er-rhil", "Ya Khali", "Jarimet El Ahdeb", "El Bachagha Bousbous, Président du Conseil", "Chagguguine El Ajbel" ed altre. Tutte di stile operettistico, con dialoghi, musica, canto, danze, movimenti coreografici che hanno contribuito a sviluppare la cultura in una città che soffriva di isolamento. A partire dal 1962, in qualità di musicologo, partecipò a numerosi giurie internazionali fra cui quelle dei concorsi annuali di musica classica e quelle del migliore gruppo folcklorisitico. Dal 1964 assunse per 11 anni la direzione artistica e amministrativa del teatro di Annaba. Nel 1975 si ritirò, ma non abbandonò gli studi e le ricerche archeologiche e astrologiche. Una sua opera dal titolo le Ciel et sa féerie vus de notre plate-forme, l'Algérie, è una interessante cartografia del cielo che aiuta a conoscere le meraviglie della sfera celeste. H'sen Derdour è un ecologista ante litteram: a 70 anni continuava a percorrere ogni giorno 20 Km nella foresta dell'Edough, contribuendo a diffondere la pratica della marcia. Nel 1982 pubblica (in lingua francese) il I volume della storia di Annaba, che è il primo importante contributo per la ricostruzione dei periodi storici, religiosi economici e sociali della città, inquadrati nella storia generale dell'Algeria.