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mercredi 7 mars 2012

95% des coraux menacés de disparition en 2050


C’est la terrible conclusion de l’étude Reefs at Risk – Revisited, publiée douze ans après le premier opus et menée par le World Resource Institute (WRI)accompagnée dans cette vaste entreprise par près d’une trentaine d’associations et d’organisations parmi lesquelles le PNUE, le WWF, l’IUCN, laNASA et le NOAA.

Préfacée par Al Gore et présentée en vidéo par la très engagée Sigourney Weaver, cette étude montre les terribles effets de l’accélération des menaces qui pèsent sur les récifs coralliens à travers le monde. Si en 1998 déjà 58% des récifs coralliens étaient menacés au niveau mondial, ils sont aujourd’hui 75%, soit une hausse de 30% en à peine plus d’une décennie, à subir les assauts des activités humaines et risquer de disparaître. Les coraux sont de véritables piliers de la biodiversité marine et constituent un élément essentiel à la survie d’une part importante de l’humanité. Ce sont en effet pas moins de 850 millions d’individus qui habitent à moins de cent kilomètres d’un récif (13% de la population mondiale) et en tirent directement ou indirectement des bénéfices, qu’il s’agisse d’une source essentielle de nourriture ou des revenus liés aux activités touristiques ou de pêche. 94 pays bénéficient du tourisme que génèrent les récifs et 150 000 kilomètres de cotes à travers le monde sont ainsi protégées de l’érosion et des effets dévastateurs des tempêtes. Leur protection est donc un enjeu majeur et pourtant ils ne cessent de subir des assauts répétés qui ne peuvent que conduire à leur disparition.
Des menaces locales à combattre au plus vite pour obtenir des résultats rapides
60% des récifs dans le monde sont menacés par les activités humaines ayant un impact direct au niveau local. Le développement anarchique des zones côtières sans respect de l’environnement conduit à des déversements de matières toxiques pour les coraux et à afflux de touristes qui peuvent exercer une pression supplémentaires sur les récifs (eaux usées, déchets, etc.). Le développement de l’agriculture intensive et la libération associée de produits fertilisants dans les cours d’eau combinés à des pollutions d’origine maritime (dégazage, etc.) sont autant d’agressions chimiques qui pèsent également sur les récifs. Enfin, les pratiques de pêche non durables dépeuplent les récifs et menacent l’équilibre de ces écosystèmes ou participent de leur destruction lorsque les pêcheurs utilisent du poison ou des explosifs pour pêcher plus facilement. Ces pratiques ont progressé de 80% depuis 1998 et sont toujours la principale menace à la survie des coraux puisqu’elles concernent 55% des récifs coralliens mondiaux. Les coraux sont capables de se redresser mais il est impératif d’agir rapidement car ces différents dangers ne sont malheureusement pas les seuls à les faire souffrir.
Le réchauffement climatique pèse de tout son poids sur les coraux
L’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et le réchauffement climatique qu’elle entraîne est une autre source de stress pour les coraux. L’étude estime que l’effet cumulé des activités humaines au niveau local et du réchauffement climatique menace 75% des récifs. L’augmentation des températures des océans entraîne le blanchiment des coraux (50% des récifs coralliens à partir de 2030 et 95% en 2050) alors que l’acidification des océans empêche quant à elle leur croissance (la moitié des récifs touchés d’ici 2030 et 85% d’ici 2050). Le réchauffement climatique a également récemment été lié par deux études à de graves inondations, phénomènes qui augmentent la libération dans les fleuves et les océans de nutriments et de produits chimiques utilisés dans l’agriculture avec les effets dévastateurs sur la vie marine.
Des pistes pour sortir de cette crise
Les prévisions de l’étude font état d’un scénario attendu si rien ne change, au niveau local comme en ce qui concerne le rythme actuel d’augmentation des émissions de GES au niveau mondial. Il y a heureusement des moyens d’agir sur ce scénario catastrophe mais il est nécessaire que les Etats s’impliquent au niveau mondial dans le cadre des négociations sur le climat et localement pour multiplier par exemple les aires marines protégées qui n’englobent aujourd’hui que 27% des récifs coralliens. C’est l’Australie qui est en pointe sur ce sujet, protégeant ainsi plus de 10% des coraux. Preuve que ce type d’initiative peut correctement fonctionner : 15% seulement des coraux australiens sont aujourd’hui menacés ! Chacun d’entre nous peut également agir en réduisant son empreinte carbone, en sélectionnant les espèces de poissons qu’il consomme, en adoptant les préceptes du tourisme responsable, en évitant d’acheter des souvenirs fabriqués à partir de coraux, etc. Le sujet est assez grave pour mériter l’implication de tous, chez nous et en vacances dans les régions concernées.

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