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mercredi 21 mars 2012

Alpinisme

L'alpinisme est une pratique sportive de la haute montagne qui repose sur différentes techniques de progression.

L'ascension en haute montagne alpine a été depuis longtemps pratiquée1, comme en témoigneÖtzi entre 3 350 et 3 100 av. J.-C. ou les habitants des Alpes, en particulier les chasseurs de chamois et les cristalliers. Bien qu'ils soient victimes d'ostracisme (c'était un sacrilège d'accéder à la haute montagne, lieu maudit), ce sont eux qui ont accompagné les topographes militaires sur les sommets au début du xixe siècle. Beaucoup de leurs premières ascensions n'ont sans doute pas été enregistrées, ce qui a laissé le champ libre aux touristes pour déclarer leurs premières dans le cadre d'un alpinisme sportif et médiatisé.
  • Empédocle au Ve siècle av. J.-C. ou l’empereur Hadrien au IIe siècle montent au sommet de l'Etna2.
  • Dans une lettre à son ami Francesco DionigiPétrarque prétendit avoir gravi le mont Ventoux le26 avril 1336 accompagné de son frère et de deux serviteurs, « poussé seulement par le désir de visiter un lieu renommé pour son altitude ».
  • En 1492, le mont Aiguille a été gravi par Antoine de Ville sur ordre de Charles VIII de France. Parti avec dix hommes, il fait appel à un huissier pour notifier l’exploit. Il s'agit de la première ascension ayant eu recours à des techniques d'alpinisme.
  • Le 20 septembre 1770, les frères Deluc, savants genevois, atteignent les premiers le sommet du mont Buet (ils avaient précédemment échoué en 1765). On considère cette épopée comme la première ascension en haute montagne dans les Alpes.
  • On considère généralement que l'alpinisme a été inventé par Horace-Bénédict de Saussurelorsqu'il proposa en 1786 une prime au premier qui gravirait le mont Blanc, appelé la « montagne maudite » : le 8 août 1786, le guide Jacques Balmat et le docteur chamoniardMichel Paccard parviennent pour la première fois au sommet du mont Blanc. C'est le récit de l'ascension de Saussure le 3 août 1787 qui donne l'élan européen à l'alpinisme3.
  • Dès le xixe siècle, des « bourgeois éclairés » et aristocrates de Grande-Bretagne (où la culture du sport est forte et l'accessibilité des Alpes facilitée par les chemins de fer) s'élancent vers les sommets, suivis par les Allemands, les Autrichiens, les Suisses et les Français (dont Marie Paradis, première femme au sommet du mont Blanc le 14 juillet 1808). Dans l'entre-deux-guerres, ils prennent l'assaut des cimes alpines dans un esprit de compétition internationale. Et souvent mortelle.
L'alpinisme prit ensuite son essor au xixe siècle sous l'impulsion de grimpeurs, en majorité de nationalité britannique :
qui tous ont laissé leur nom lié à des "premières" et à des sommets alpins (pointe Whymper aux Grandes Jorassespic Coolidge dans lemassif des Écrins…). Ces riches anglais étaient le plus souvent accompagnés de guides français, italiens ou suisses.
  • Les « bourgeois éclairés » et aristocrates créent les premiers clubs alpins entre 1857 et 1874, d’abord en Angleterre (l'Alpine Club) puis en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Pologne et enfin en France en 1874. Ces clubs « définissent des usages en matière d’excursion, organisent les compagnies de guides, construisent des refuges, améliorent la qualité des hébergements, rédigent des notices scientifiques, inventent une littérature de voyage et réussissent ainsi à promouvoir, auprès de leurs contemporains, une forme de tourisme alpin à la fois cultivé et mondain »2. Les clubs continentaux ont plutôt une démarche d'aménagement de la montagne alors que les clubs britanniques ont une vision transfrontalière des Alpes qu'ils voient comme un terrain de jeu (ainsi l'ouvrage de Leslie Stephen en 1871 s'intitule-t-il Le Terrain de jeu de l'Europe). Dans le Club alpin français (CAF) créé en 1874, les femmes ne représentent que 1 % des alpinistes, tout comme en 2009. Et on n'en compte que 18 sur 1 468 guides de haute montagne en France. C'est seulement depuis lesannées 1920 qu'elles prennent la tête de cordées et depuis les années 1960 qu'elles peuvent gravir les sommets sans leur mari.
  • Les deux derniers grands sommets vierges des Alpes sont gravis en 1865 (Whymper atteint pour la première fois le sommet du Cervin), puis le 16 août 1877 : E. Boileau de Castelnau avec les Gaspard père et fils réalisent la première ascension de la Meije. Tous les grands sommets des Alpes ont donc été conquis : c’est le début de l’alpinisme sportif (dont l'alpinisme hivernal). La démocratisation des clubs conduit les bourgeois et aristocrates britanniques, à partir des années 1950, à déplacer leur terrain de jeu vers les montagnes de l'Himalaya appartenant à leur Empire des Indes. Mais là aussi, dans les années 1970, la démocratisation de l'alpinisme s'opère

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